A propos des "échecs".
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A propos des "échecs".
Voici un paragraphe qui traite de divers cousins lointains des échecs, tiré du livre "Les Indo-Européens" de Bernard Sergent.
Au début, je voulais juste mettre
Au début, je voulais juste mettre
et puis bon comme je trouvais le reste interessant, vous le lisez juste si vous voulezCe jeu du caturanga dérive d'un jeu védique, astapada « à huit rangées», donc à soixante-quatre cases.
Les « échecs »
Le véritable jeu d'échecs, au sens actuel du terme, est arrivé en Europe au Moyen Âge (aux environs de l'an 1000), provenant d'Iran par l'intermédiaire des Arabes; il est lointainement originaire de Chine.
Mais plusieurs peuples indo-européens anciens ont connu des jeux à damier ou à « échiquier ». La confusion s'est naturellement opérée entre anciens et nouveau jeux. Les textes irlandais postérieurs à l'an 1000 appellent « échecs» le jeu évoqué dans des récits mythiques et comportant un « échiquier» et des pions. On conservera ce nom ici pour réunir ces jeux, avec les guillemets requis.
L'histoire. des jeux à damier et échiquier, à pions et dés, est extrêmement complexe, et l'on doit se contenter ici des indications qui engagent à parler
d'un tel jeu chez les Proto-Indo-Européens.
Ces jeux sont en effet attestés en Inde dès l'époque védique, en Grèce, en Italie, dans le monde celtique, en Scandinavie. Il y a d'abord un jeu celtique commun des trois noms du « jeu d'échecs » irlandais, fidchell, «l'intelligence du bois », brandub, «corbeau noir », buanfalach, «victoire rapide », le premier est également attesté sous des formes galloise (gwyddbwyll) et bretonne (gwazboell) , ce qui garantit l'antiquité du jeu parmi les populations celtiques. Mais au-delà, ce jeu est également germano-celtique.
Ainsi, la Voluspa mentionne un jeu des dieux qui nécessitait des « tables d'or », et l'on a pu expliciter sa nature ce jeu scandinave ancien a disparu au Moyen Âge, submergé par les jeux nouveaux, mais auparavant les Scandinaves l'avaient transmis aux Lapons, et l'étude de ceux-ci a révélé les parentés entre leur jeu et celui des anciens Celtes. Du même coup, on a compris à la fois les règles du jeu celtique ancien et l'identité du jeu des « tables d'or» de la Voluspa.
Or, bien au-delà, il y existe de nettes ressemblances entre le jeu celtique et certains des jeux indiens les plus anciens. Le brandub contient, dans certains cas, quarante-neuf cases (7 x 7), l'échiquier d'un jeu bengalais également. Le jeu celtique comprend une pièce centrale, royale, et quatre pièces latérales, de soutien, les pièces (pions) hostiles au roi étant au nombre de huit réparties sur les bords. Les Indiens connaissent des jeux à échiquiers en croix (le pachisi et le caupur, mot qui vient d'un ssk. catuspada, « à quatre rangées »), tandis qu'un autre jeu, le caturanga, se jouait à quatre joueurs, chacun disposant d'un roi et de quatre pièces qui représentaient les quatre corps de l'armée indienne. Ce jeu du caturanga dérive d'un jeu védique, astapada « à huit rangées», donc à soixante-quatre cases. La métaphore militaire et royale est à verser à l'héritage commun, puisqu'elle structure aussi le jeu celtique.
Outre le roi central, les pions du jeu irlandais sont appelés fian, « guerrier », et le nom même de brandub, «corbeau noir», fait allusion à la guerre - les corbeaux sont, en pays celtique, des métaphores des guerriers -, de même bien sûr que le nom de « victoire rapide ». Jeux indiens et jeu celto-germanique reposent donc sur la même conception de base, une divergence s'introduisant seulement en ce que les jeux indiens se sont accoutumés souvent à l'usage de dés, tandis que le jeu occidental est proche, dans son fonctionnement, du jeu de dames. Sa version galloise est, par l'Angleterre, à l'origine du backgammon.
D'ailleurs, le jeu chinois dans lequel il convient de voir l'origine des véritables échecs ne comporte pas de « roi » et, les échecs étant venus en fait de Chine par l'intermédiaire de l'Inde et de l'Iran, l'existence du roi et de la reine est un lointain héritage des jeux indo-européens. Enfin, à Rome, le « jeu des douze lignes », ludus duodecima, ressemblait beaucoup au trictrac et au backgammon, tandis qu'un autre, ludus latrunculorum, rappelait davantage notre jeu d'échecs.
Ces jeux avaient une considérable importance symbolique. Les « tables d'or» sont le seul jeu mentionné dans le récit de l'origine et de la fin du monde scandinave, la Voluspa. Le roi (légendaire) d'Ulster y consacrait un tiers de sa journée, s'affrontant aux plus importants héros de son royaume. Un texte gallois montre de même l'affrontement aux « échecs» d'un roi et d'un héros, mais ce récit, le Songe de Rhonabwy, repose entièrement sur la comparaison entre le jeu et une vraie bataille opposant des guerriers à des corbeaux. Les frères Rees ont également montré que la disposition des pièces sur le « jeu d'échecs» irlandais reproduisait le plan de Tara, capitale et centre théoriques de l'Irlande pré-chrétienne et, pour la signification de l'affrontement, ils comparent ces rites indiens où un jeu (de dés!) connote l'affrontement entre les dieux et les démons. Il y a une riche matière qui a encore été peu exploitée.
Seikkon- Chariot Volant
- Nombre de messages : 714
Localisation : Paris
Date d'inscription : 29/10/2005
Re: A propos des "échecs".
Yes...
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Re: A propos des "échecs".
J'ai la chance de posséder une version du jeu viking/irlandais évoqué. J'en mettrais une photo en ligne d'ici peu si ça vous intéresse.
Néanmoins, autant la filiation entre Chatur Anga - Echecs et Chatur Anga - Xian Gi - Shogi me parait assez logique vu leurs points communs, tant celle avec ce (ces) jeu(x) nord européens me semble bien moins évidente.
En effet, dasn ce dernier jeu, il s'agit plus pour le Roi de "fuir" simplement et à l'adversaire de l'encercler plutôt qu'à deux camps équivalents de s'opposer.
Je verrais plutôt une filiation avec le jeu viking des "moulins" que vous connaissez probablement.
Néanmoins, autant la filiation entre Chatur Anga - Echecs et Chatur Anga - Xian Gi - Shogi me parait assez logique vu leurs points communs, tant celle avec ce (ces) jeu(x) nord européens me semble bien moins évidente.
En effet, dasn ce dernier jeu, il s'agit plus pour le Roi de "fuir" simplement et à l'adversaire de l'encercler plutôt qu'à deux camps équivalents de s'opposer.
Je verrais plutôt une filiation avec le jeu viking des "moulins" que vous connaissez probablement.
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